Exposition Paris : “AÉROSOLTHÉRAPIE” du 4 décembre 2020 au 13 février 2021 à L’Espace Topographie de L’art.

Communiqué de presse “AÉROSOLTHÉRAPIE” Topographie de l’art L’exposition

« AÉROSOLTHÉRAPIE » présente divers travaux plastiques de
quinze peintres ou dessinateurs utilisant tous l’aérosol ou l’ayant
utilisé – Jules Olitski et Roland Topor, de la partie, sont décédés
respectivement en 2004 et 1997. Cette utilisation s’avère d’une nature
diverse, protéiforme. Certains artistes ont recours à la bombe de
peinture de manière exclusive, soit pour tracer, soit pour recouvrir
la toile ou le support du dessin. D’autres, plus parcimonieux ou
plus aventureux, en usent en complément de manières de peindre ou de
dessiner plus conventionnelles. Le spray, l’acte de vaporisation, vient
dans ce cas enrichir à la fois leur palette, la composition et l’effet
stylistique produit.
L’aérosolthérapie, la technique de soin qui fournit à l’exposition son
intitulé, consiste à faire inhaler à un malade, par nébulisation, des
médicaments en suspension dans un gaz, et ce, pour acheminer dans ses
voies respiratoires un micro-brouillard (l’aérosol au sens strict) de
substances curatives. Rapporté à l’expression artistique, le principe
aérosol-thérapeutique entend suggérer que la peinture aérosol, la Spray
Painting, n’est pas sans effet sur l’état même de la représentation,
picturale comme graphique. Légère par sa matière mais dense par
ses effets, celle-ci peut agir comme une relance inventive, comme un
renforcement, comme un étai bénéfique. Son pouvoir de dynamiser l’art
pictural ou le dessin en fait un allié essentiel, fraternel, secourable
au besoin, de la création plasticienne.
Les vertus du pneumatique
Dans l’imaginaire contemporain, peinture aérosol et bombe de peinture
sont congénitalement affiliées au Street art, qui s’en empare dès son
apparition, dans les années 1960. Le succès des bombes Montana, peu
chères, aux « caps » (diminutif de « capule », le bouton-pression
surmontant la bombe) de dimension variée, a alors pour corollaire le
graduel recouvrement des murs enregistré bientôt urbi et orbi. La Spray
Painting, avant d’être un style, est le résultat d’une nécessité, celle
de graffer le plus vite possible l’espace urbain, en prenant de vitesse
la police, peindre sans autorisation dans l’espace public étant un acte
illicite souvent rudement sanctionné (dès 1972 à New York).
Le terme anglais spray désigne la « vaporisation » ou l’ustensile qui
la permet, le vaporisateur. Appliquée sur une surface non pas à la
main ou au moyen d’un outil de type truelle ou pinceau, de la matière
légère est soufflée par projection sur le support à peindre, sans contact
direct. Cette technique, débitrice de la puissance pneumatique (pneuma,
le souffle en grec, pour Aristote l’énergie principale du monde), se
repère comme une des plus anciennes manierae que consigne l’histoire de
l’art. La vaporisation de pigments colorés humidifiés, dans l’Histoire,
suit de près le malaxage (pigments mélangés à de la terre, dans les
sépultures notamment) autant qu’elle accompagne la peinture sous ses
formes premières d’expression, une peinture de pigments naturels que
l’on répand au moyen des doigts, d’une branche ou, plus tardivement,
d’une brosse ou d’un pinceau. Les nombreuses « mains négatives » et
« mains positives » (leurs propres mains ou celles et leurs proches
utilisées comme pochoirs) léguées par l’art pariétal du paléolithique
supérieur avouent l’intérêt des primitifs, déjà, pour le spray pratiqué
dans sa forme élémentaire, souffler avec la bouche de la matière rendue
liquide recueillie dans la paume, ou en un geste plus sophistiqué,
l’expulser tout en vidant de leur air les joues gonflées qui soufflent
dans un aérographe, cet os creux dont on se sert comme d’une sarbacane
à peinture.
On le sait : la modernité artistique, son heure venue, entend bien user
de toutes les techniques possibles pour faire valoir son sens propre
de l’esthétique, farouchement expérimental. La peinture du 20e siècle
n’est pas seulement affaire de pinceau. Le peintre moderne, pour mener
son affaire, recourt indifféremment à la queue d’un âne (Et le soleil
s’endormit sur l’Adriatique, par l’âne Lolo, 1910), au couteau (les
expressionnistes), à la carabine (Niki de Saint-Phalle), au phénomène
physique de la gravité (Masson puis Pollock avec le dripping), à
l’automatisation (machines à peindre Méta Matics de Jean Tinguely),
au corps nu de femmes enduites de matière colorée (Yves Klein et ses
Anthropométries) ou bien encore à l’imprimante numérique, à la brosse à
dents, aux balançoires ou aux chasses d’eau (liste non limitative), en
un cursus qui épuise goulument toutes les techniques mises à disposition
de l’artiste et ceci, d’où qu’elles viennent, territoire même de l’art,
univers biologique, gymnique ou monde techno-industriel. Comme le
veut cet esprit de captation d’un outillage hors norme, l’aérosol,
inventé dans les années 1920 (Erik Rotheim, 1927), se voit pareillement
réquisitionné sans délai par la sphère artistique.
D’abord utilisée pour vaporiser des produits chimiques (de
l’insecticide, notamment), pour modeler les chevelures féminines
(les laques) ou servir de diffuseur à parfums, cette « bombe » à air
comprimé qu’est l’aérosol voit très vite ses flancs métalliques s’emplir
de peinture. Ainsi nourri, le nouvel outil remplace à bon compte le
déjà traditionnel mais encombrant pistolet à peinture pneumatique.
L’industrie se montre qui plus est généreuse, une infinité de couleurs
est proposée aux constructeurs automobiles, de quoi élargir l’intérêt
du monde de l’art pour le spray, que l’on s’y approprie bientôt à large
échelle. L’éclat de ses couleurs laquées et sa brillance vite devenue
légendaire paradent bientôt non seulement sur les murs de nos villes,
grâce au geste clandestin des street-artistes, mais aussi sur des pièces
d’atelier, comme s’y emploie Andy Warhol dès les années 1960. La Spray
Painting, de succès en succès, triomphe institutionnellement avec la
fin du 20e siècle. Des artistes venus de l’univers du graffe générique
quittent la rue et l’univers des outsiders pour rentrer dans l’atelier,
à l’instar d’un Futura. Ils y exportent leurs techniques sur des toiles
dont le destin sera dorénavant d’être accrochées dans les galeries,
les centres d’art, les collections privées puis les musées. Conversion
gagnante.
Paul Ardenne
Écrivain et historien de l’art.

Ci-dessus le diaporama de notre visite : “AÉROSOLTHÉRAPIE”
4 décembre 2020 – 13 février 2021
Vernissage vendredi 4 décembre de 16h à 20h
Christian AUBRUN
Bruno BRESSOLIN
Larry DEYAB
Orsten GROOM
Jean FAUCHEUR
Frédéric FLEURY
Hippolyte HENTGEN
C.N. JELODANTI
Rainier LERICOLAIS
Renée LEVI
Jules OLITSKI
Jim SANDERS
Shoboshobo
Sindre Foss SKANCKE
Roland TOPOR
Commissaires : C.N. Jelodanti
(Clara Djian & Nicolas Leto)
Topographie de l’art
15 rue de Thorigny
75003 Paris

À propos œuvres exposées, pour en savoir plus http://www.topographiedelart.fr/aerosoltherapie.html

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s